Écrit par Méliane St-Amand le 25 Novembre 2025
Aujourd’hui, j’ai envie de parler de la conception des espaces dans un projet de construction, et plus précisément de ce qui arrive lorsqu’on souhaite intégrer des éléments vintages ou anciens. Ajouter du cachet à l’aide de meubles ou d’accessoires, c’est relativement simple. Mais lorsqu’il s’agit de réutiliser une pièce plus structurelle — comme une vieille porte en bois — les choses se compliquent rapidement.
Le vieux n’est jamais parfaitement droit, et même dans le neuf, rien n’est jamais aligné à 100 %. C’est d’ailleurs ce qui rend le travail des installateurs d’armoires si précieux : certaines journées, ils doivent faire entrer un rectangle dans un rectangle presque identique… et d’autres fois, un rectangle dans un cercle.
Avec les éléments anciens, on ajoute les coins tordus, les déformations, les irrégularités — bref, tout ce qui constitue leur charme, mais aussi leur complexité. Lorsque l’on cherche à intégrer du vintage pour son cachet unique, il faut aussi accepter ses petits caprices. Heureusement, il existe des astuces pour profiter pleinement de ces pièces d’époque sans compromettre la qualité du projet ni rendre fous les travailleurs sur le chantier.
Une façon simple d’intégrer un élément ancien dans un décor plus moderne, c’est de ne conserver que la partie visible. Je m’explique.
Une de mes enseignantes en design nous avait donné cet exemple : plutôt que d’essayer d’installer une vieille porte avec son cadre tout tordu par les mouvements de sa maison d’origine, on peut garder uniquement la porte et l’utiliser comme porte coulissante. Ainsi, pas besoin d’ajuster un cadre de porte difforme dans un mur tout neuf et parfaitement droit.
Bien sûr, la porte coulissante a aussi ses défauts, mais si en pesant le pour et le contre, c’est le charme qui vous importe le plus, alors c’est une excellente solution pour intégrer cet élément à fort caractère.
Même principe pour des portes d’armoires : on peut conserver seulement les façades et les installer sur des caissons neufs. On obtient ainsi le look vintage recherché, sans les problèmes de pose compliquée… ni les portes qui ne ferment plus droit.
Le rêve de tout rénovateur passionné — celui qui veut redonner vie à une maison, pas lui voler son âme pour la revendre au plus offrant — c’est de découvrir les planchers originaux cachés sous une vieille moquette. De quoi faire rêver, littéralement !
Mais avant de sortir la ponceuse, il faut garder en tête un point essentiel : la durée de vie d’un plancher de bois franc est directement liée au nombre de sablages qu’il peut encore supporter. Chaque sablage retire une fine couche de bois… jusqu’au jour où les clous deviennent visibles.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on estime souvent qu’un plancher de bois franc a une durée de vie d’environ 100 ans : on peut généralement le sabler et le remettre à neuf jusqu’à quatre fois, soit environ une fois tous les 25 ans, avant que l’épaisseur restante ne permette plus de faire l’opération.
Si vous souhaitez absolument conserver le plancher d’origine — et que le niveau du sol ne nécessite pas une intervention structurelle majeure — voici ce dont il faut tenir compte :
L’état général du bois : pas de moisissures, pas de brûlures, pas de dégâts d’eau.
Des joints larges : ont peut les réduire en utilisant les résidus de sablage pour les colmater… dans une certaine mesure, et si on peut sabler le plancher évidemment.
L’isolation : doit-on en ajouter facilement, ou est-ce possible d’isoler par en dessous au besoin?
Dans tous les cas, je vous recommande fortement de consulter des experts pour valider le potentiel réel de votre plancher, car on n'a pas vraiment droit à l'erreur. Et si jamais vous devez retirer le plancher — par nécessité ou par choix — vous pouvez toujours réutiliser les lattes en bon état pour fabriquer des meubles ou des éléments décoratifs. Une façon magnifique de préserver le cachet d’origine, tout en lui donnant une nouvelle vie ailleurs dans la maison.
En parlant de réutiliser et ‘’trouver une nouvelle utilité’’ à certains ‘’déchets’’ de matériaux; c’est une magnifique façon de réintroduire du cachet dans la maison. On peut penser, par exemple, aux fameuses planches de bois de grange que tout le monde s’arrachait il y a quelques années : elles peuvent devenir des meubles, des finis décoratifs, des accessoires… les possibilités sont infinies.
Il en va de même pour une foule de matériaux que l’on peut récupérer lors de la démolition d’une ancienne maison : tuiles de plancher ou de mur, que l’on transforme en plateaux ou en tables d’appoint; moulures, que l’on réutilise comme décor ou encadrement; briques, que l’on intègre en accent dans un mur; et bien plus encore.
Avec les matériaux récupérés, il n’y a vraiment de limite que votre imagination.
Les fenêtres… c’est le moment où j’essaie de ne pas trop briser vos rêves, même si j'ai pas trop le choix. Les ouvertures — portes comme fenêtres — sont les points les plus faibles de l’enveloppe d’un bâtiment, là où se produisent les plus grandes pertes énergétiques. Comme on vit dans un climat qui nous fait passer d’un froid mordant à une chaleur écrasante, il devient essentiel d’optimiser au maximum ces éléments critiques de l’enveloppe.
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les fenêtres d’il y a 100 ans ne sont pas vraiment à la fine pointe de l’isolation. Et pour en ajouter une couche : le modèle de fenêtre à guillotine, très courant dans les bâtiments presque centenaires, est aussi l’un des moins performants sur le plan énergétique. Autrement dit… ça regarde mal pour leur défense.
Donc, si vous souhaitez absolument conserver des fenêtres d’époque, il peut être judicieux de vérifier s’il existe des répliques modernes au même style. Autrement, il faudra prévoir une solution pour compenser leur faible performance énergétique — par exemple en ajoutant une seconde fenêtre à l’intérieur, ou en installant des volets conçus pour réduire les pertes de chaleur.
Et si vous souhaiter vous lancer dans un projet de rénovation de maison ancestral, je vous conseil fortement de consulter ce site.
Intégrer des éléments d’époque dans un projet de rénovation, c’est bien plus qu’une question d’esthétique : c’est une manière d’honorer l’histoire de la maison, de préserver son âme et de créer un espace qui raconte quelque chose. Mais comme on l’a vu, le charme du vintage vient souvent avec ses petits défis — qu’il s’agisse de portes anciennes, de planchers centenaires, de fenêtres moins performantes ou de matériaux récupérés.
L’important, c’est de trouver le juste équilibre entre le caractère unique du passé et le confort d’aujourd’hui. Avec les bonnes astuces, une dose de créativité et parfois l’œil avisé d’un professionnel, il est tout à fait possible de marier les deux sans sacrifier la qualité, l’efficacité ni le plaisir de vivre dans son espace.
Au fond, rénover avec du cachet, c’est accepter que chaque maison a son histoire… et choisir de la faire vivre encore longtemps.