Série : Courant de Style

Lors de mes études en design, nous avions un cours intitulé quelque chose comme Style et agencement, au travers duquel nous revisitions les différents courants de design et apprenions à les reconnaître et à les créer par le biais d’exercices d’agencement. 

Étant une amatrice d’histoire et d’art, j’ai grandement apprécié approfondir mes connaissances sur ces différents courants ainsi que sur les explications sociologique, politiques et autres qui les ont influencés et façonnés. 

On pourrait croire que le design est une profession récente, mais ce n’est pas totalement vrai : avant les années 1900, cette discipline était souvent accolée à d’autres professions, comme l’architecture. Avec la construction de bâtiments toujours plus grands et complexes, les métiers d’architecte et de designer se sont progressivement séparés : l’architecte prenant en charge la partie plus physique et technique des structures, tandis que le designer se concentrait sur l’art de vivre et l’aménagement des espaces.

La réflexion sur l’espace de vie et l’aménagement ne date donc pas d’hier. Elle était certes plus rudimentaire à ses débuts, visant surtout à créer des structures assurant le meilleur confort possible aux habitants, mais dès l’Égypte ancienne, le design, en tant que discipline à part entière ‘’inclut’’ dans le travail des architectes, prenait en compte non seulement le confort minimal des usagers, mais également la beauté et l’harmonie des lieux.

Il est intéressant de constater que la plupart des courants de style émergent en opposition à ceux qui les précèdent. Chaque mouvement répond à de nouveaux besoins collectifs, qu’ils soient sociaux, culturels ou existentiels, et traduit dans ses formes les valeurs, les inquiétudes et les aspirations de son époque. Sur le plan sociologique, cette dynamique reflète le désir des nouvelles générations de se distinguer de celles qui les ont précédées : en affirmant leur propre identité, elles cherchent à se détacher, s’individualiser et s’émanciper de l’héritage des anciens. Ainsi, certains courants ont privilégié un retour à la nature et à l’artisanat, tandis que les mouvements qui leur ont succédé, dans une logique contraire, ont mis l’accent sur la modernité, la production en série et la fonctionnalité.

En parallèle, on observe une logique comparable dans l’industrie de la mode, où chaque tendance vient souvent contredire la précédente. Toutefois, contrairement aux courants de style qui s’installent sur plusieurs décennies, la mode se transforme beaucoup plus rapidement, car elle est intimement liée à la consommation rapide, aux cycles sociaux plus courts et à un besoin d’affirmation individuelle immédiat. Ainsi, si le design et l’architecture reflètent les grandes mutations sociales, la mode agit comme un miroir plus instantané des transformations culturelles et identitaires.

La feuille d’acanthe est un motif décoratif stylisé inspiré de la plante vivace à grandes feuilles dentelées. On retrouve des motifs végétaux similaires dès l’Égypte ancienne, avec des représentations de papyrus ou de lotus, mais c’est en Grèce antique que la feuille d’acanthe, telle qu’on la connaît aujourd’hui, vois véritablement le jour. Elle orne notamment les chapiteaux corinthiens et, plus tard, se diffuse à Rome. Symbole de longévité, d’endurance et de beauté, elle allie naturalisme et stylisation pour décorer colonnes, frises, meubles ou ferronnerie.

À travers les siècles, ce motif millénaire se réinvente selon les courants artistiques : Renaissance, Baroque, Rococo, néoclassicisme et Art nouveau, chacun adaptant sa forme à ses sensibilités esthétiques et à ses fonctions décoratives. La feuille d’acanthe illustre ainsi la capacité des motifs anciens à traverser le temps tout en s’adaptant aux transformations culturelles et artistiques.

L’ogive, ou arc pointu, est un élément architectural permettant de répartir efficacement le poids des voûtes et des structures. Des formes expérimentales d’arcs légèrement brisés apparaissent déjà en Grèce antique, à Rome et dans l’architecture byzantine, mais c’est au XIIᵉ siècle en France que l’ogive, telle qu’on la connaît aujourd’hui, prend véritablement son essor. Elle devient un élément central des cathédrales gothiques, contribuant à créer des voûtes élancées et des espaces lumineux.

Le symbole de l’ogive et de l’arche a continué d’évoluer et de réapparaître dans différents courants stylistiques, notamment dans l’Art nouveau et, plus récemment, dans les architectures contemporaines d’inspiration européenne. Que ce soit sous forme de passages voûtés, de niches décoratives ou même d’ouvertures de fenêtres et de portes, l’arche et l'ogive reviennent comme une signature à la fois classique et tendance dans l’architecture et le design actuels. 

Dans cette série d’articles, je vous invite à explorer les différents courants de style qui ont marqué l’histoire, de l’Antiquité à nos jours. Vous découvrirez non seulement leurs caractéristiques esthétiques, mais aussi les contextes culturels, sociaux et techniques qui ont motivé leur émergence. Comprendre d’où ils viennent et pourquoi ils ont été adoptés à leur époque vous permettra de saisir comment l’art et le design reflètent les valeurs et les aspirations des sociétés à travers le temps.

Nous verrons également comment certain de ces styles connaissent aujourd’hui un nouvel essor dans les décors contemporains : quelles pièces ou symboles emblématiques font leur retour, pourquoi certains motifs trouvent un écho particulier dans nos intérieurs modernes, et de quelle façon ils s’adaptent pour répondre aux besoins esthétiques et pratiques de notre époque.