Les laboratoires sont des lieux essentiels à l’avancement scientifique, pourtant leur conception est souvent reléguée au second plan. Lorsqu’on pense à la recherche, on imagine d’abord les expériences et les manipulations complexes, mais rarement l’environnement physique dans lequel elles prennent forme. Pourtant, cet espace joue un rôle crucial dans la qualité du travail scientifique et le bien-être de ceux qui le pratiquent.
Trop souvent, les laboratoires sont conçus par des architectes qui n’ont pas une connaissance concrète des besoins quotidiens des chercheurs. Le résultat : des espaces mal adaptés, peu pratiques, qui deviennent rapidement des sources d'irritations. Dans un milieu déjà extrêmement exigeant sur le plan mental — où la pression de produire, d’innover, de publier, de présenter et de performer dans des domaines multiples est constante — ces irritants nuisent directement à l’efficacité et à la santé mentale des chercheurs.
Ayant moi-même évolué dans le milieu académique pendant plusieurs années, j’ai constaté à quel point les chercheurs, véritables artisans de l’innovation, travaillent dans des conditions parfois inadaptées, voire pénibles. Pourtant, la recherche vise à bâtir un avenir meilleur : il est incohérent que ceux qui s’y consacrent n’évoluent pas dans des environnements pensés pour soutenir leur mission.
De nombreuses études démontrent les bienfaits d’un design réfléchi sur la santé mentale et la performance. Intégrer ces principes dans les espaces de recherche, tout en tenant compte des contraintes spécifiques aux laboratoires (sécurité, matériaux, ventilation, confinement, etc.), serait une avancée logique, bénéfique et nécessaire
Laboratoire d'enseignement de travaux pratiques de chimie.
Photo : Université de Sherbrooke
Un des enjeux majeurs réside dans le fait que les salles de classes sont souvent admissibles à des subventions pour être modernisées, contrairement aux laboratoires de recherches. Les fonds alloués à la recherches couvrent généralement les consommables, les déplacements et les salaires des étudiants chercheur·euse·s, mais très rarement l’aménagement des espaces ou l’achat d’équipements.
Résultat : les laboratoires d’enseignements peuvent être modernes et bien équipés, alors que les laboratoires de recherches, pourtant essentiels, manquent cruellement de ressources pour optimiser leurs installations, au point où certains sont confrontés à des problèmes fondamentaux, tels qu’une ventilation déficiente ou des infiltrations causées par un toit en mauvais état.
En 2008, l’âge moyen des infrastructures universitaires au Québec était de 21,7 ans, ce qui en faisait l’un des réseaux les plus anciens au Canada.
Les bâtiments des cégeps ont en moyenne 48 ans, tandis que ceux des universités atteignent en moyenne 55 ans.
À l’Université de Sherbrooke, sur 77 immeubles, 24 sont considérés en mauvais ou très mauvais état selon l’indice de vétusté physique.
À l’UQAM, bien que la majorité des bâtiments présentent un état jugé satisfaisant, certains pavillons affichent un indice de vétusté plus élevé, nécessitant des travaux de remise en état.
Un rapport de 2009 indiquait que l’entretien différé des universités québécoises représentait un déficit de 1,5 milliard de dollars, avec des problèmes tels que des systèmes de ventilation désuets, des façades détériorées et des toits qui fuient.
Ces données mettent en évidence l’importance d’investissements soutenus pour moderniser les infrastructures d’enseignement supérieur au Québec, afin d’offrir des environnements d’apprentissage à la fois sécuritaires, fonctionnels et en phase avec les besoins actuels. Trop souvent, les espaces sont soit esthétiques mais peu pratiques, soit vétustes et en mauvais état.