Écrit par Méliane St-Amand le 7 juillet 2025
Pendant mes études en design d’intérieur — comme beaucoup d’étudiant·es, j’imagine — j’ai commencé à repenser complètement mon environnement… autrement dit, à vouloir réaménager tout mon appartement, haha ! La pièce qui représentait à la fois le plus grand défi et la plus grande liberté de création était celle destinée à accueillir un·e invité·e ou un·e colocataire.
Pour moi, il a toujours été important d’avoir un espace accueillant, où je pourrais recevoir mes ami·es où héberger ma famille en cas de besoin. D’un autre côté, j’ai parfois eu des colocataires pendant certaines sessions universitaires : à Sherbrooke, avec les nombreux stages et étudiant·es internationaux, plusieurs cherchent un logement pour seulement quelques mois par année.
En début 2024 je n’avais plus la nécessité immédiate d’avoir un colocataire et je voulais pouvoir utiliser cette pièce différemment, tout en conservant la possibilité d’y accueillir quelqu’un à la dernière minute. C’est là que m’est venue l’idée du lit escamotable. Mais avec mon petit budget d’étudiante à temps plein, l’achat de ce genre de meuble était impensable.
Je me suis donc mise à réfléchir à une solution maison, en me disant que je devais bien être capable de réaliser ça avec un budget d’environ 100 $. Oui, c’était un peu utopique, mais l’idée était là : pas besoin de dépenser 500 à 1000 $ pour un lit escamotable.
J’ai évalué les matériaux, les quantités, les prix, et j’ai conçu un plan accompagné d’un tableau Excel pour les coûts. Le point de départ du projet ? Mon matelas existant — le seul qui, par chance, pouvait convenir à un lit escamotable que je pourrais fabriquer moi-même.
Je n’ai ni F-150, ni papa équipé d’un atelier complet (*même s’il est bricoleur — plutôt côté électricité et moteurs — mais sans atelier dans son appartement, malheureusement pour moi). J’ai une Toyota Yaris 2011 et une scie à main (bon, j’ai amélioré mon outillage depuis, mais à l’époque, c’était tout ce que j’avais comme scie).
Il me fallait donc des matériaux transportables et faciles à manipuler. Oubliez les grandes planches de plywood de 4’ x 8’, impossibles à rentrer dans ma voiture. C’est presque comme si ce matelas avait été fait pour ce projet ! J’ai pris mes mesures, étudié les options disponibles en quincaillerie et ajusté mon budget.
Le plus grand défi : le mécanisme de descente, qui est ce qui rend les lits escamotables si coûteux. J’ai décidé de m’en passer, car à lui seul, ce système dépassait le budget maximal que je m’étais fixé. Comme mon objectif était surtout de pouvoir ranger le lit contre le mur lorsqu’il n’était pas utilisé — et non de l’ouvrir et le refermer chaque jour —, l’absence de mécanisme devenait acceptable. Dans ce cas-ci, "escamotable" signifie simplement "replier et dissimulé au mur", et ça me convenait parfaitement.
Matelas et ''frame'' de la base du lit
Finition de la base du lit en lambris de pin
Structure ''réceptrice'' murale en 2''x10''
L’élément de départ que je possédais déjà — et qui m’a permis de concrétiser ce projet malgré des moyens limités — c’est un matelas double IKEA de 9 pouces d’épaisseur.
Pour fabriquer la structure qui allait l’accueillir au mur, j’ai opté pour des planches de bois de construction de format 2" × 10". Petite précision importante : les dimensions nominales du bois ne correspondent pas à leurs dimensions réelles. En effet, le bois est mesuré lorsqu’il est fraîchement taillé, mais il rétrécit une fois sécher et raboté. Par exemple, un 2" × 10" mesure en réalité 1 ½" × 9 ¼".
J’ai utilisé une planche de 2" × 10" comme patte du lit, ce qui fixait la hauteur du matelas à 9 ¼" du sol. Cette contrainte ne me laissait pas beaucoup d’épaisseur pour la finition sur le dessous, soit la partie visible lorsque le lit est refermé. J’ai donc choisi d’utiliser des lambris de pin, que j’ai ensuite teint d’une couleur « blé doré ». J’aurais aussi pu utiliser du MDF ou de l’OSB, mais ces grandes feuilles ne rentrent pas dans ma voiture, donc les lambris était la meilleure option. Pour construire le cadre du matelas escamotable, j’ai utilisé des planches de 1" × 3" pour le pourtour ainsi que pour les lattes transversales.
Côté quincaillerie, j’ai trouvé de grosses pentures métalliques et des coins en métal au Canac, et j’ai récupéré des charnières sur une ancienne table pour les attaches qui servent a ''fermé'' le lit dans le haut. Pour soutenir le lit une fois déployé, j’ai installé une tablette fixe qui fait office de première patte. La seconde patte, identique à la première et également en 2" × 10", est amovible : je peux la ranger dans un petit compartiment que j’ai intégré à l’intérieur du meuble mural.
Au-delà de l’apparence du lit une fois refermé, je voulais aussi soigner son look une fois ouvert. Je me suis donc amusée avec la tête de lit, puisqu’elle est cachée la plupart du temps : lorsqu’on ouvre le lit, c’est un peu comme une surprise colorée. J’ai choisi un vert moyen, la teinte Avon Green de Benjamin Moore, que j’ai fait correspondre chez Behr avec la couleur Gazebo Green. L’avantage : on peut facilement se procurer en magasin de petits pots échantillons de 500 ml pour quelques dollars — largement suffisant pour un projet de cette taille. J'utilise le site web Matchmypaintcolor pour effectuer ces correspondance de couleurs d'une marque à une autre, ce n'est pas parfait, mais la plupart du temps c'est en masse proche pour moi.
Pour la décorer, j’ai récupéré un ancien carnet d’adresses — vous savez, le genre où l’on notait les numéros de téléphone à la main — illustré de magnifiques images provenant de la Royal Horticultural Society Lindley Library. J’ai sélectionné six illustrations que j’ai tout simplement fixées à l’aide de ruban de peintre. Pour ajouter une touche d’ambiance chaleureuse, j’ai installé une guirlande de petites lumières féériques.
Voilà comment j’ai réussi à construire moi-même un lit escamotable, pour environ 150 $ seulement. J’aurais peut-être pu respecter mon budget initial de 100 $ si j’avais choisi un autre matériau que le lambris pour la finition — mais ça ne rentrait pas dans ma voiture… et honnêtement, ça ajoute vraiment du charme au résultat final.