Écrit par Méliane St-Amand le 29 juillet 2025
Vous n'avez pas encore lu le premier article de la Série peinture? Découvrez le juste ici : Série peinture article 1
Dans le monde des peintures, la majorité des gammes dites « standards » sont composées d’un solvant, d’un liant et d’un pigment. Si vous vous intéressez au design écoresponsable ou cherchez des alternatives plus respectueuses de l’environnement, il existe aujourd’hui des peintures dites « écologiques », aux formules repensées. Nous allons explorer leurs avantages, les options disponibles sur le marché, et ce qui les distingue des peintures traditionnelles — notamment en ce qui concerne leur teneur en COV, ces composés organiques volatils souvent pointés du doigt.
L’environnement occupe une place grandissante dans de nombreux secteurs de notre vie et de notre société — et avec raison. Le domaine de la construction est l’un des plus polluants, étant responsable d’environ 23 % de la pollution de l’air, 40 % de la pollution de l’eau potable et 50 % des déchets envoyés en décharge à l’échelle mondiale (1). Son impact environnemental étant considérable, chaque sous-secteur a été scruté afin d’identifier des pistes de réduction de ses effets néfastes.
Les composés organiques volatils (COV), qu’on retrouve entre autres dans les peintures traditionnelles, ont été pointés du doigt comme des éléments à surveiller, puisqu’ils nuisent à la qualité de l’air et peuvent avoir des effets négatifs sur la santé. Comme nous l’avons vu dans le premier article de cette série, la peinture est composée de trois grandes phases : les solvants, les liants et les pigments (2). Parmi celles-ci, ce sont généralement les solvants qui contiennent le plus de composés organiques volatils (COV), car l’une de leurs caractéristiques principales est leur volatilité — c’est-à-dire leur capacité à s’évaporer facilement. Vous voyez donc comment les solvants contribuent directement aux émissions de COV ?
Pour répondre à la nécessité de réduire l’impact environnemental, de nouvelles peintures ont été conçues avec des solvants alternatifs, libérant peu ou pas de composés organiques volatils (COV) dans l’air. Les sources résiduelles de COV se trouvent alors principalement dans certains pigments synthétiques, qui peuvent contenir des traces de solvants. Plus une couleur est foncée, plus elle contient de pigments, ce qui peut entraîner une émission légèrement plus élevée de COV.
Par exemple, une peinture marine émettra plus de COV qu’une peinture blanche. Cela dit, pas de panique : les COV associés aux pigments sont généralement très faibles et considérés comme négligeables.
Mais là! Est-ce que la peinture de ma maison, appliquée en 2013, représente un danger pour ma santé ?
Rassurez-vous : les COV ne sont pas des déchets radioactifs. Comme leur nom l’indique, ce sont des composés volatils, ce qui signifie qu’ils s’évaporent dans l’air, un peu comme le fait un parfum.
La période où leur concentration est la plus élevée, c’est au moment de l’application de la peinture, et durant le temps de séchage qui suit. Selon le type de peinture, des traces de COV peuvent rester dans l’air quelques jours, parfois quelques semaines, et dans de rares cas, un peu plus longtemps.
Mais une fois la peinture complètement sèche, la totalité des solvants se seront évaporés. Il n’y a donc plus de risques. Pour limiter les risques, il est recommandé de bien aérer la pièce pendant l’application de la peinture et de maintenir une bonne ventilation tout au long du séchage.
Les premières peintures étaient en fait des enduits à base de cire ou d’éléments « gras » servant de liant, auxquels s’ajoutaient des pigments naturels obtenus à partir de minerais ou d’autres éléments naturels. Puis sont apparues à l’époque de la renaissance les peintures à l’huile de lin, surtout utilisées pour la réalisation de fresques ou d’autres œuvres murales grandioses.
Ensuite, la notion de solvant est apparue dans les peintures dites « modernes » pour faciliter le séchage et l’application. Les premiers solvants utilisés étaient à base de pétrole, comme la térébenthine. Des versions à base d’eau ont également été développées, telles que la peinture à la caséine.
Entre 1920 et 1930, la peinture acrylique, formulée à partir de résines synthétiques, a suscité un fort engouement grâce à son séchage rapide, sa faible odeur et sa grande durabilité. Elle a ouvert la voie aux peintures au latex, qui sont en réalité des peintures à base d’eau contenant des polymères synthétiques, comme les résines acryliques ou vinyliques. Très populaires pour un usage intérieur, ces peintures offrent une application facile, un nettoyage à l’eau, une plus faible émission de COV couplé d’une bonne résistance dans le temps.
Avec l’évolution de la science et une meilleure compréhension des agents perturbateurs pour l’environnement, de nouvelles formules de peintures plus saines ont été développées. Parallèlement, on observe un regain d’intérêt pour certaines peintures utilisées avant l’époque moderne, encore courantes dans plusieurs pays, notamment dans les pays chauds. Ces peintures plus traditionnelles, peu transformées et composées d’ingrédients souvent issus de la nature, redeviennent populaires non seulement pour leurs qualités écologiques, mais aussi pour leur apparence unique, très en vogue actuellement.
C’est entre autres le cas de la peinture à la chaux (limewash), de la peinture à base d’argile, des enduits de tadelakt ou encore de la peinture à la caséine. Ces peintures naturelles s’intègrent parfaitement dans une tendance actuelle en design d’intérieur : l’exploration des textures dans des palettes monochromes. Chacun de ces enduits offre, à sa manière, une texture tridimensionnelle unique et recherchée, apportant profondeur et caractère aux espaces. Ne vous inquiétez pas ; nous les verrons toutes plus en détail dans le prochain article de cette série 😉
En résumé, le choix d’une peinture ne se limite plus à l’esthétique ou au prix. Il s’agit désormais d’un véritable engagement envers notre santé et l’environnement. Grâce aux avancées scientifiques et à l’essor des formules écologiques, il est aujourd’hui possible de décorer nos intérieurs tout en réduisant notre impact écologique et en préservant la qualité de l’air.
Que vous optiez pour des peintures modernes à faibles COV ou pour des enduits naturels comme la chaux ou l’argile, vous contribuez à un habitat plus sain et plus respectueux de la planète. Alors, pourquoi ne pas faire de vos murs un allié durable et esthétique ?
Bibliographie
(1) Impact environnemental du secteur de la construction
(2) "Paints, Coatings and Solvents" – Ullmann's Encyclopedia of Industrial Chemistry